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11 novembre 2013

Extrait - Zacharias MacDermot

Parce que ça fait longtemps que je n'avais pas posté un extrait.


La maison de retraite était une gigantesque bâtisse du dix-huitième siècle, entourée d’arbres centenaires et de pelouse verdoyante malgré le soleil de l’été. Je montai les quelques marches de pierre et entrai dans un vaste hall au sol marbré. Une infirmière souriante m’accueillit avec égard et me dirigea vers la salle commune où je trouvai seulement deux personnes attablées. L’une d’elle avait la cinquantaine, Zacharias MacDermot vraisemblablement, tandis que l’autre était manifestement un pensionnaire de la résidence, le fameux Martin.

— Bonjour Arthur, me dit-il avant même que je ne me présente. Voici mon vieil ami Martin. Un pauvre gâteux que je laisse parfois gagner aux échecs.

Zacharias me serra fermement la main tandis que Martin me faisait un bref signe de tête. C’était à lui de jouer et les taquineries de son adversaire n’avaient pas de prise sur sa concentration.

— Je t’ai reconnu tout de suite, mon jeune ami. Tu es le portrait craché de ton père.

Martin avança son fou puis laissa tomber le masque de la réflexion au profit d’un sourire amical.

— Comment a-t-il dit que tu t’appelais, fiston ?

— Je suis Arthur, monsieur.

Zacharias, qui contemplait l’échiquier d’un air perplexe termina les présentations.

— Arthur est le fils d’un ami d’enfance. Il m’a confié son garçon pour l’été afin que je l’initie à mes méthodes de déduction. Ce sera en quelque sorte… mon apprenti.

Martin sourit en coin et asséna avec ironie.

— Eh bien, fiston, tu as bien du temps à perdre…

Sur ces mots, Zacharias se leva et salua son ami d’une révérence exagérée.

— Martin, ce que tu viens de faire avec ton fou est sans doute le pire coup que tu aies joué depuis des lustres. Je te propose de terminer cette partie demain matin. Ainsi, tu auras la journée entière pour regretter ce malheureux déplacement et te préparer à l’échec et mat que je vais encore t’infliger.

— Du bluff, encore du bluff, dit Martin en riant.

Puis il se tourna vers moi.

— Ne te laisse pas décontenancer par ce beau parleur. Son apparente confiance est une ruse. Crois-moi, notre partie d’échecs est loin d’être terminée.

En sortant de la salle commune, nous passâmes devant ce qui devait être le bureau de l’intendance. Mon maître s’immobilisa et me retint par l’épaule en me faisant signe de ne pas faire de bruit. Nous entendîmes les bribes d’une conversation. Les chuchotements nous indiquèrent que les propos tenus avaient un caractère confidentiel.

— … si vous ne le signalez pas dès aujourd’hui, je le ferai moi-même !

— Non, répondit une seconde voix. Attendons la fin de journée. Je suis sûr que nous l’aurons trouvé d’ici là !

Entendant des pas se rapprocher, Zacharias me poussa vers la sortie.

Sans faire allusion à cet étrange numéro d’espionnage, et tout en prenant le chemin de sa demeure, il me demanda :

 — Alors, Arthur, prêt pour l’aventure ?

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